Rapport de prospective : tout est lié

Il existe peu de sujets sur lesquels tous les pays peuvent s’entendre. Pourtant, pratiquement tous les États membres des Nations Unies se sont engagés à respecter l’Accord de Paris pour le climat.

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Le rapport de prospective de l’ISO met en lumière les tendances mondiales qui, dans de nombreux secteurs, orienteront la prise de décisions stratégiques pour un avenir meilleur. À partir de ces éléments de prospective, l’ISO examine certains des domaines potentiels de normalisation. Dans une série d’articles, nous analysons avec les meilleurs spécialistes quelques-unes de ces tendances mondiales critiques.

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Sans surprise, la nécessité d’enrayer la dégradation de notre environnement – de l’épuisement des ressources naturelles à la mise en péril d’écosystèmes tout entiers – fait l’objet d’un quasi-consensus. Outre le fait qu’il s’agit là d’un sérieux problème en soi, l’humanité étant indissociable du monde naturel, la dégradation de notre environnement est étroitement liée à bien d’autres enjeux mondiaux, notamment la sécurité alimentaire. Il en résulte des cercles vicieux particulièrement difficiles à briser.  

En revanche, tout effort visant à remédier à la dégradation de l’environnement peut représenter un pas en avant vers un cercle vertueux bénéfique dans de nombreux domaines, comme la santé publique, la sécurité énergétique ou l’emploi.

La raréfaction des ressources naturelles

La dégradation continue de la nature risque de mettre en péril la stabilité de nos sociétés avec une demande en eau et en nourriture toujours plus importante.

Au cours du siècle dernier, la consommation d’eau a en effet augmenté deux fois plus vite que la croissance démographique. Selon les Nations Unies , d’ici 2025, 1,8 milliard de personnes subiront des pénuries d’eau, et les deux tiers de la population mondiale seront confrontés au stress hydrique. Les pressions exercées sur des ressources en eau douce déjà limitées résultent notamment de la hausse des températures, qui accroît les pertes dues à l’évaporation, et l’augmentation de la demande pourrait bien faire grimper le coût de l’eau. En outre, les désaccords sur la gestion de cette précieuse ressource peuvent potentiellement exacerber les tensions internationales.

Ces mêmes forces – changements climatiques, croissance démographique et développement économique – qui aggravent le manque d’eau exerceront également une pression sur la disponibilité des terres arables pour l’agriculture. Parallèlement, certaines ressources naturelles auxquelles on ne pense pas de prime abord, comme les minerais rares, sont déjà sous pression, car les efforts de décarbonation stimulent la demande en minerais rares, comme le lithium utilisé dans les batteries des véhicules électriques.

De telles pénuries pourraient à terme mener à des conflits, notamment lorsque le contexte économique et politique est susceptible de créer des obstacles en termes d’accès à certaines ressources.

Des écosystèmes menacés

Les écosystèmes naturels terrestres, fluviaux et maritimes sont également touchés par ces mêmes effets et facteurs. Le réchauffement de la planète, la pollution, la déforestation, l’exploitation minière des fonds marins et l’acidification des océans perturbent le fonctionnement naturel de ces écosystèmes – les scientifiques s’efforcent encore de comprendre toute l’étendue et les implications de ces perturbations.

Les écosystèmes sont des réseaux de vie profondément interconnectés et, naturellement, l’humanité n’est pas à l’abri des menaces de perturbation des écosystèmes. Les phénomènes météorologiques extrêmes peuvent s’avérer mortels, directement ou indirectement, tandis que l’augmentation de la pollution atmosphérique dans les zones urbaines présente déjà des risques importants en termes de santé publique. L’OMS estime ainsi que 99 % de la population mondiale respire un air dont les valeurs dépassent les limites recommandées en termes de polluants.

Protéger une planète fragilisée

Le défi que représente la dégradation de notre environnement peut sembler insurmontable, mais de nombreuses mesures peuvent être prises, et le sont déjà, pour atténuer, voire inverser cette dégradation. La plupart des États se sont engagés à atteindre la neutralité carbone dans les décennies à venir, et une série de traités, de règlements et de normes aident à combattre l’exploitation et la mauvaise gestion de la nature.

L’ISO étudie en permanence les avantages potentiels de la normalisation pour la gestion et la préservation des ressources naturelles. Elle a ainsi mis sur pied des groupes consultatifs chargés de recenser les travaux existants et les besoins du marché liés aux minéraux critiques et à l’agriculture intelligente. Avec l’expansion du marché des technologies de captage du CO2, il existe également un potentiel important pour développer les travaux de son comité technique spécialisé dans ces questions. L’ISO est à l’écoute des besoins en termes de nouvelles normes à l’appui du développement et de l’évaluation de nouvelles technologies et approches en matière de décarbonation, comme le reboisement.

Si les normes ne représentent qu’une partie de la solution, elles jettent cependant les bases de la coopération et de la confiance entre les entreprises, les pays et les consommateurs.

À propos de l’auteur

Sheila Leggett est la Présidente du comité technique ISO/TC 207, Management environnemental.

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